Rejoins la startup todayivote
Domaine d'activité : B2B, B2C, Tech
Projet : Accélération
Compétence recherchée : Commercial, Marketing
L'annonce :
todayIvote est une startup civictech qui édite l’application mobile NosLois.
NosLois permet de s’informer et de s’impliquer sur les lois qui nous touchent.
Construite autour du “privacy by design” et “moderation by design”, l’application NosLois offrent aux citoyens une alternative aux réseaux sociaux pour s’exprimer sereinement quand il s’agit de politique.
L’appli permet aux parlementaires de recueillir l’opinion publique de façon régulière et de piloter ainsi leur mandat.
Pour tous les détails, je me permets de mettre ici l’interview de SciencesPo au sujet de todayIvote et de l’application NosLois:
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Erik de Boisgrollier, cofondateur de la startup TodayIVote et de l’application NosLois, nous en dit plus sur son parcours, sur sa vision du système démocratique et sur l’application qu’il a développé récemment avec son équipe.
Accompagnée par l’Incubateur de Sciences Po, l’application NosLois a pour objectif d’encourager l’implication citoyenne dans le système démocratique. Lancée en mars 2021 par Erik de Boisgrollier, l’application met en place un système de notifications, en fonction des thématiques sélectionnées par l’utilisateur, pour attirer leur attention sur des nouveaux projets de loi en cours en France. En convertissant les textes au format vocal pour permettre aux utilisateurs et aux utilisatrices de se renseigner plus facilement, l’application leur permet également de donner leur avis. Les parlementaires peuvent, quant à eux, contacter les concitoyens et concitoyennes de leur circonscription pour poser des questions ciblées. Ainsi, l’application vise à ouvrir un dialogue non partisan qui, à la différence des réseaux sociaux, reste concentré sur des sujets concrets avec une « modération par défaut » (interactions via des sondages et pas de fil de commentaire) et une anonymisation des utilisateurs et utilisatrices.
Echanges avec Erik de Boisgrollier.
Pourriez-vous me dire un peu sur votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a poussé à développer cette application ?
Erik de Boisgrollier : J’ai commencé ma carrière au milieu des années 2000 en pleine arrivée de la « data » dans les entreprises. La data ouvrait les portes à de nouvelles opportunités d’optimisation : il était possible à présent de chiffrer certaines impressions et d’améliorer les process des entreprises en temps réel sur des bases chiffrées. J’ai ensuite progressé sur cette voie jusqu’à gérer récemment des équipes de big data et de machine learning à l’international dans le domaine des télécoms.
Dans le même temps, les réseaux sociaux prenaient leur envol, ouvrant pour l’humanité la porte de la démocratie parfaite : un forum planétaire où chacun à sa voix. Mais paradoxalement, sur la dernière décennie, les indicateurs de mesure de la confiance en la démocratie plongeaient, comme par exemple le baromètre de la confiance en la démocratie du CEVIPOF.
Cette perte de confiance s’est petit à petit transformée en contestation puis en explosion de la protestation citoyenne à l’échèle planétaire : Hongkong, le Chili, l’Europe de l’Est ou la France avec les gilets jaunes (et bien d’autres encore) firent de 2019 « l’année de la protestation » selon le Washington Post. La hausse de l’abstention ou du vote contestataire venait aussi compléter le tableau d’une population défiante de ses institutions. Cette contestation a été stoppée en 2020 avec la crise du COVID, mais aucune des racines du problème n’est pour l’instant traitée.
C’est naturellement sous l’angle des données et de l’optimisation que j’ai observé ces évolutions, jusqu’à me poser la question : « Serait-il possible, dans le monde politique, de mieux chiffrer nos impressions pour réduire les écarts d’incompréhension qui mènent à la défiance ? »
C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à étudier le problème de façon plus systématique, avec des chercheurs en sciences politiques.
Un constat s’est rapidement imposé : c’est dans l’absence de contact régulier entre les citoyens et leurs représentants que s’installe la défiance. Faute de pouvoir s’impliquer dans le processus législatif, les citoyens « subissent » l’introduction des nouvelles lois qui changent notre façon de « vivre ensemble » et qui catalysent ainsi la contestation citoyenne.
Selon vous, la technologie peut-elle nous permettre de vivre de manière plus démocratique ? Quels sont les principaux obstacles ?
EB : Quand il s’agit du processus législatif, l’offre d’information et d’implication du citoyen est essentiellement centrée sur les élections, laissant le citoyen « sans voix » pendant plusieurs années (lui reste la protestation). Dans l’état actuel des choses un centenaire ne pourra voter que 16 fois dans sa vie pour ses représentants nationaux, là où un adolescent peut déjà avoir pris dans sa vie des milliers de positions sur les plateformes numériques (like, commentaires, étoiles…). Pourquoi ne pas permettre, même à titre consultatif, cette prise de position régulière entre les élections ? Or, dans le contexte technologique actuel, le défi pour la démocratie consiste à capter régulièrement l’attention du citoyen pour le garder impliqué.
C’est ce que propose NosLois en offrant à chaque citoyen de faire pour lui la veille législative sur les lois qui le touchent et sur les parlementaires qu’il suit, puis en l’invitant à se positionner régulièrement pour ou contre les projets et propositions de loi qu’il plébiscite ou rejette. Chaque information transmise, chaque prise de position sera un point de contact entre le citoyen et ses institutions, au-delà de la période électorale, et permettra aussi la création de mesures précises en dehors des élections.
Pour que la démocratie s’impose dans le « temps d’attention disponible », il faut que les institutions ne rechigne pas à adopter, même à minima, les codes d’un secteur devenu ultra-concurrentielle : la personnalisation de l’offre, l’implication régulière, l’élimination des points de friction et l’amélioration de « l’expérience citoyenne » en sont les premiers éléments.
Pourriez-vous nous parler un peu du processus de recrutement des députés ? Répertorier autant de parlementaires n’a pas dû être facile. Aviez-vous des mentors lors du développement de l’application ?
EB : Nous atteignons les parlementaires par différents canaux : email, courrier, téléphone. Les plus intéressés nous proposent un rendez-vous, parfois directement à l’Assemblée Nationale, le plus souvent en visioconférence. Certaines équipes prennent ensuite plusieurs semaines avant de se décider, d’autres veulent s’inscrire dans la journée, c’est très variable.
Il reste très intéressant de participer avec les parlementaires à la réflexion qui accompagnent l’adoption d’un outil tel que NosLois. Sceptiques au départ, nous recevons de plus en plus de sollicitations spontanées de la part des parlementaires qui souhaitent rejoindre NosLois pour ajouter une corde à leur arc quand il s’agit d’interagir avec les citoyens.
Pour progresser dans cette approche notre mentorat a été double. Tout d’abord entrepreneurial, en nous appuyant sur des fondateurs expérimentés de startup qui ont pu guider nos premiers pas et nous aider à utiliser notre énergie sur les actions qui auront le plus d’impact. Ensuite dans le domaine des sciences politiques, avec l’accompagnement du réseau REDEM et de sa structure « projet » gérée par Dan Grecu.
Comment envisagez-vous l’avenir de cette application ? Quel serait l’objectif ultime ?
EB : L’application a pour vocation d’être déployée dans plusieurs pays pour permettre des mesures d’opinion tant locales que nationales que globales. Macroscopiquement, le fonctionnement démocratique est le même dans de très nombreux pays. L’érosion de la confiance dans la démocratie est aussi une réalité globale. Nos premières expérimentations internationales se feront en Afrique, au Cameroun, où nous préparons un partenariat avec une entreprise locale qui assurera le relais auprès des parlementaires Camerounais.
A terme, notre ambition est d’offrir aux citoyens une plateforme simple et factuelle pour s’informer et s’impliquer et aux parlementaires le moyen de régulièrement affiner leur représentativité en fonction de l’avis des citoyens qu’ils représentent.