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Redonnons à la Fintech ses lettres de noblesse grâce à l’Intelligence Artificielle

#news Dernière mise à jour : 16/05/2019 à 11:59
  • Fondateurs : Florent Jacques, Adrien Pelletant

[TRIBUNE] Redonnons à la Fintech ses lettres de noblesse grâce à l’Intelligence Artificielle

Grande égérie de l’innovation tous secteurs confondus, l’Intelligence Artificielle occupe toute la scène médiatique. De leur côté, lesFinTechs avancent leurs pions en proposant des services et offres toujours plus inédits.Toutefois ,à y regarder de plus près, il semblerait que beaucoup d’entre elles aient oublié un point important, la valeur ajoutée “tech”. Pourquoi les jeunes pousses dans certains segments n’exploitent pas encore le potentiel de l’IA ? Comment pourraient-elles s’y prendre ? Ont-elles vraiment quelque chose à y gagner ?

Le conseil en financement des entreprises ne fait pas exception en maintenant la distance avec l’IA. La tendance est et reste le scoring qui teste des critères quantitatifs, et délivre un conseil basé sur son algorithme de segmentation. Algorithme dont les fondations reposent principalement sur l’historique financier des entreprises et les statistiques sectorielles existantes, sans ajouter ni analyse ni interprétations pour l’utilisateur. Bien loin de disrupter le modèle traditionnel, la notation financière est exploitée depuis plusieurs dizaines d’années par quasiment l’ensemble des organismes financiers, pour les dérives que nous avons connues. L’innovation ne trouvera pas son salut dans le conseil; tout du moins, pas prochainement.

Petite éclaircie dans ce sombre portrait, l’IA intéresse les marchés boursiers puisqu’elle sert majoritairement à effectuer des arbitrages sur des placements. Lorsque les sociétés sont cotées en bourse, leurs informations financières et stratégiques se structurent et deviennent publiques. À l’inverse, l’immense marché des sociétés non cotées (99,99% des entreprises) rassemble des données non structurées et surtout, rarement disponibles pour que l’IA fasse correctement son travail. Résultat : l’Intelligence ne se développe que peu dans le secteur de la banque et de la finance, sans arriver à pénétrer toutes les structures et devenir un levier de croissance. Seuls quelques acteurs sortent du lot à ce jour. Je pense notamment au domaine du financement participatif qui profite de cette technologie chez ​Ayomi​. On retrouve également Fundshop ou ​Yomoni qui proposent de la gestion conseillée ou intermédiée par IA. ​FinKey l’exploite pour enrichir son conseil en financement des entreprises.

Pourquoi devrions-nous développer cette technologie dans le conseil en financement des entreprises ?

Cette faible popularité révèle-t-elle un manque de possibilités ou d’intérêt ? Bien que je penche plus pour la première réponse, je conçois qu’elle représente un point de friction pour certaines structures. Pourtant, toute la chaîne de valeur du financement peut en bénéficier.
L’Intelligence Artificielle optimise le travail de ​l’analyste​. À travers sa récolte, sa structuration et sa restitution des données, elle ouvre le champ des connaissances et permet d’affiner l’analyse. À l’image du sage, la technologie va capter et stocker bien plus d’information que le cerveau humain pour que celui-ci délivre des conseils éclairés. De son côté, le conseiller gardera une place privilégiée avec son client en respect du rapport très humain de l’accompagnement. La solution assiste aussi le ​financeur ​via un tri intelligent des demandes des entreprises. Fini la revue de portefeuille manuelle qui aboutit à une série de rencontres inopportunes. En s’appuyant sur la technologie, le financeur peut effectuer une première sélection algorithmique qui répondra à l’ensemble de ses critères souvent multiples. Ce gain de temps pourra se reverser au profit des relations humaines et échanges commerciaux. Dernier bénéfice : l’augmentation des volumes de financement pour parvenir à la croissance du PIB. De son côté, le ​dirigeant ​ne sera plus contraint de partir à la recherche de financement en envoyant des dossiers comme des bouteilles à la mer. La technologie facilitant le travail de l’investisseur, l’entrepreneur n’est plus dans la demande, mais dans l’offre.

L’Intelligence Artificielle déploie également ses atouts dans d’autres sphères comme le domaine juridique et la start-up​Prédictrice​en profite déjà. Dans une logique similaire à celle du conseil en financement, cette technologie servira à enrichir les connaissances et informations de l’avocat afin qu’il délivre la meilleure assistance possible via un avis éclairé. L’IA comme outil de préconisation lui serait également utile. En tant qu’outil d’aide à la décision, elle conforte ou invalide la décision juridique de l’avocat en phase de proposition. Elle facilite les choix et permet de se recentrer sur les relations humaines.

Quel futur dessiner pour l’Intelligence Artificielle ?

Aussi bien sur les marchés boursiers que dans le domaine du conseil patrimonial, l’Intelligence Artificielle séduit. Les premiers vont l’utiliser pour remplacer, en partie, les décisions d’investissement tandis que les seconds s’en servent d’outils d’aide à la décision.

Si l’on élargit le spectre de l’analyse, l’Intelligence Artificielle va au fur et à mesure enrichir le rôle du conseiller sans le dénaturer. La nouvelle dynamique que je vois apparaître se présente comme ceci : l’Intelligence Artificielle va traiter les données, enrichir les connaissances et donner des pistes de décision, tandis que le conseiller cultivera le lien humain entre lui et son client, ainsi que son expérience pour prendre la décision finale.

Pourquoi parler d’humain lorsque l’on parle de technologie ? Pour ne pas oublier que, dans la finance particulièrement, la confiance est maîtresse. Que ce soit pour placer son argent, financer une entreprise, aider un projet… Le lien qui se construit doit être le plus honnête possible. Dans un univers financier teinté d’incertitudes, seule la confiance permet d’avancer.

Il n’est donc dans l’intérêt de personne que l’Intelligence Artificielle supprime cette connexion. Elle viendra simplement en support pour fiabiliser les choix et rationaliser les décisions en intégrant un grand nombre d’informations.
L’idéal serait qu’à terme, l’Intelligence Artificielle soit suffisamment entraînée et nourrie pour anticiper tous les événements et donc, fiabiliser les choix du financement ou du dirigeant. Bien qu’elle fasse figure d’innovation, l’Intelligence Artificielle que nous sommes capables de construire aujourd’hui n’est que la première pierre d’un ensemble bien plus vaste. Ensemble dominé (au moins médiatiquement) par l’ordinateur quantique. Grâce à une nouvelle combinaison bien supérieure aux chiffres binaires, le calcul quantique sera capable de réaliser des combinaisons encore jamais réussies dans le monde. Une multiplication des combinaisons pour répondre à une multiplicité des offres, voilà de quoi enthousiasmer la FinTech.

Article rédigé par Florent Jacques, CEO de FinKey.